Certification CETAC
Conseils pratiques
SIBS ET NEVAS (1)
Sibériens, et Néva Masquerades
Il y a beaucoup à dire sur le Sibérien, et un peu plus sur le Neva (version colourpoint - mutation du gène de la couleur noire donnant des individus au corps clair et "pointes" colorées - noires), sujet à polémique dans le milieu des éléveurs de Sibériens.
C'est comment, un Sibérien ?
La race Sibérienne est en fait la standardisation du chat de ferme russe, rustique (au look sauvage) mais proche de l'homme (je suppose cette proximité engendrée par des raisons de survie en ce climat peu clément), dont la fourrure est faite pour protéger de l'eau / du froid. Je prends ici des raccourcis, bien entendu.
C'est un chat massif, court sur pattes, qu'il a fortes (les pattes), un peu "teckel" sur les bords (mais juste sur les bords). Comme leurs cousins des forêts norvégiennes ou américaines, ces grands chats grandissent lentement (on parle de 3 ans avant la pleine maturité). Ce qui n'empêche pas le Sibérien mâle de flirter avec les 6 kg avant la fin de sa première année (et de les dépasser par la suite). Les femelles restent plus petites, même si certaines atteignent des gabarits remarquables.
On dit son intelligence bien développée, et je ne peux que confirmer. Difficile de leur faire des blagues, ces chats pigent tout de suite comment contourner nos coups bas. Personnellement, ce n'est pas bien grave : notre Ragdoll n'est pas aussi vive, je peux la faire tourner en bourrique, elle !
Ce sont des chats gourmands, peu difficiles (ici, il nous arrive de les surnommer "Poubelles" - de table). Le plus difficile, c'est de leur apprendre à ne pas se servir seuls, mais avec de la patience, on y arrive.
Ces chats sont actifs ; ils ont besoin, pour s'épanouir, de vivre des choses. Avec vous, avec d'autres chats. Ils restent "chatons" dans leur tête (joueurs, dynamiques) assez longtemps, bien après que d'autres races soient passées au rythme adulte (le temps de jeu décroit fortement passé 6 mois chez les chats en général). Ces chats donc auront du mal à gérer la solitude (et 6-7 kg de muscles qui tourne en rond et s'ennuie, ça peut occasionner quelques dégâts aux bibelots ou autres objets à portée).
Un accès à l'extérieur est un grand plus. Pour autant, pas question de les laisser divaguer : les routes ne sont pas sûres pour nos compagnons, sans parler des mauvaises rencontres. Mais il y a des solutions pour sécuriser un petit terrain dans lequel nos chats peuvent passer un temps.
Et c'est quoi cette histoire de Neva ?
En fait, la couleur originelle du chat de ferme russe, c'est "brun tigré" (brown mackerel). Sauf qu'aujourd'hui, les variations de couleurs sont multiples chez le Sibérien.
Cette multiplication des "coloris" n'est pas naturelle, et on entend deux "théories" :
- cela résulterait de l'apport massif de chats à Moscou et ailleurs en Russie au sortir de la guerre 39-45 pour augmenter la population féline largement diminuée pendant le conflit et lutter contre les rongeurs. Cet apport s'est fait sans objectif de "race". Ce n'est que plus tard que des gens ont voulu fixer et préserver ce qu'ils pensaient être le "type" du chat de gouttière russe, qu'ils ont voulu proche du chat sauvage des forêts russes .
Tout comme des éleveurs tentent eux aussi de fixer le type du chat des forêts chez nous et travaillent cette race "européenne" (l'Européen est une vraie race, avec pédigrée et tout et tout)
Dans cette explication, on imagine que ces primo-éleveurs ont donc prélevé dans la rue des chats (les plus "russes" à leurs yeux) dans le but de stabiliser une race.
Mais si extérieurement, les chats choisis avaient l'air "complètement russes" (c'est la partie exprimée du code génétique, le phénotype), une partie était (et est) porteuse d'autres gènes non exprimés (récessifs) "silencieux", qu'on ne voit pas en action car dominés par une variante du gène plus forte (dominante).
Dans les portées qui ont suivi, il y a eu des rencontres de parents porteurs de gènes récessifs qui ont chacun donné ces gènes à quelques chatons : des chatons d'autres couleurs, dont des "colourpoints" sont apparus, au grand dam des éleveurs pour qui cette mutation-là était clairement non-russe (et consécutive de l'apport de chats étrangers après la 2nde guerre mondiale).
Ils se sont efforcés de supprimer cette tare de leurs lignées, alors qu'en parallèle une minorité cherchait à conserver ce patron colourpoint ! Ces inconscients étaient plutôt mal vus, et encore aujourd'hui, il existe une animosité réelle entre éleveurs de Sibériens (dits classiques, par opposition) et éleveurs de Neva Masquerades (colourpoints), avec des anecdotes dignes de l'apartheid.
Ce qui est étonnant dans cette histoire (vue du côté d'une amatrice de Neva, forcément partiale), c'est que les couleurs bleues, solides, (silver, smoke...), elles, sont plus ou moins "mieux" reconnues par les puristes. Ne viennent-elles pourtant pas de ces chats "étrangers" introduits après-guerre ?
- l'autre explication (du conflit et de la non-reconnaissance des Nevas comme "Sibériens" par une partie des éleveurs) est plus technique, et est portée par Alex Kolesnikov, de la chatterie Sibaris : dans les années 80-90, au moment de fixer la race et les standards, des chats (colorpoints) ont été reconnus comme "Sibériens" alors qu'ils étaient inscrits dans une race (Persans et Balinais essentiellement).
C'est un fait si on s'en tient aux documents présentés par Alex Kolesnikov, au bémol que les chats déjà "pédigrés" ne pouvaient pas changer de race si facilement. Les chats qui ont ainsi changé de race seraient en fait des chats sans généalogie officielle (sans pédigrée ni origine connue), précédemment inscrits dans une race au titre de l'apparence (c'est possible aussi en France, certaines races ont un "Livre" RIA (registre d'inscription au titre de l'apparence) ; quand la race Sibérienne a été enfin officialisée, ces chats ont basculé vers "leur" race. Du moins, c'est ce que j'ai pu comprendre sur cette page du Dr. Irina Sadovnikova : http://pawpeds.com/pawacademy/general/siberiancat/
On est là sur des querelles d'analyses de documents (en russe), entre grands spécialistes. Ce qu'il faut retenir, c'est que globalement, les éleveurs de "Traditionnels" ne voient pas d'un bon oeil les éleveurs de Néva - idéalement, deux races séparées (comme en FiFé où les colorpoints sont "NEM", et pas "SIB", mais les mariages NEMxSIB sont autorisés), sans mariage autorisé entre les deux leur conviendrait bien.
Sur le plan génétique, le colorpoint est récessif : il ne se voit que si le chat porte le gène sur les deux allèles ; pour avoir du colorpoint, il faut donc ultra-sélectionner un gène sans doute étranger à la race initialement : comme on ne sait pas isoler uniquement "LE" gène colorpoint (et rien d'autre), on renforce donc le quota de gènes étrangers "parasites" en sélectionnant selon le gène colorpoint.
Les amateurs de Néva défendent par ailleurs la légitimité de leurs chats par le fait qu'en 1680, il aurait été vu, sur les bord de la Neva, un chat correspondant aux critères du colourpoint (il y aurait une gravure - que je ne retrouve pas - rendant compte de l'événement). Comme en 1680, la notion d'élevage du chat est un anachronisme, cela prouverait que le chat russe d'avant l'introduction étrangère était déjà capable de faire naître du colourpoint (et que le colourpoint est autant russe que le brown mackerel, paf dans ta face, et sans doute davantage que le bleu solide smoke silver - gris sans rayures à la base et aux racines blanchies - re-paf etc).
Le sujet est vaste, et "tendu".
Je n'y étais pas, je ne sais pas si c'est "vrai" ; je sais seulement que le caractère de ce chat me va comme un gant, et que la couleur Neva Masquerade tabby m'ensorcèle. Je laisse le reste aux amateurs de conflit !
Comme dans toutes les communautés, on trouve de tout chez les éleveurs de Sibériens : ceux qui font du Traditionnel (couleurs de base - brown mackerel, blotched, avec ou sans blanc, golden etc - sans colorpoint, et surtout sans porteurs du gène colorpoint), ceux qui font du Classique (couleurs traditionnelles + couleurs unies, mais sans colorpoint, mais avec des possibilité de chats porteurs de colorpoint), ceux qui font du Classique ET du Néva, et ceux qui ne font que du Néva (comme ici).
Pour plus de formalisme, le site du Loof est bien fait, vous y trouverez les standards (p92 du doc pdf).
Sachez cependant qu'il existe plusieurs standards selon les fédérations félines : la Fifé a les siens, comme la Tica, le Loof, le WCF... et un chat peut bien marcher en WCF et être planté en Tica... moi non plus, je ne m'y retrouve pas ;-)