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Un point rapide sur... les dépistages de santé

rédigé le  21/08/18.

En élevage, les "maladies" ont plusieurs origines :
- les parasites (intestinaux, mais pas seulement)
- les bactéries et les virus
Ces deux points ci-dessus sont "infectieux", avec un agent extérieur pathogène (qui rend malade).
- la génétique (diabète, allergies, déficience immunitaire...)
- les couacs de "fabrication" (qui ne sont pas inscrits dans les gènes mais résultent d'un problème d'assemblage des cellules)
- liste non exhaustive !

Les outils des éleveurs pour limiter / repérer sont finalement assez frustres :

=> la connaissance des lignées (cela dépend donc de l'expérience personnelle de l'éleveur, mais aussi de son réseau et de ses échanges) - les lignées à tendance... diabétique / problèmes rénaux / etc.
C'est très empirique, et les lignées considérées "à risque" par un éleveur (parce qu'il a eu directement, ou eu connaissance d'un gros souci par exemple) ne le sont pas forcément par un autre (qui travaille avec ces lignées depuis un moment et sans avoir eu de souci particulier).

=> la maîtrise de l'hygiène et de la prophylaxie (prévenir les infections), et du stress chez son/ses groupe/s de chats (le stress affaiblit les défenses immunitaires donc un groupe stressé a de plus forts risques d'être sensible à une infection) : il y a des formations (conférences Merial, "webinars" Royal Canin, séminaires du SNPCC, ...).

=> les dépistages. On peut dépister des mutations génétiques ou des traces d'agents pathogènes (virus ou bactéries) quand les tests sont au point (et fiables, ce que ne sont pas tous les tests, et aucun test n’est à 100% de fiabilité).

  • pour un nombre réduit de maladies génétiques dont les mutations ont été identifiées, des tests génétiques sont disponibles : on teste une fois, et normalement, c'est bon "à vie".

  • Certains tests réagissent aux anticorps : ils nous disent seulement que le chat a produit des anticorps = il a pu rencontrer la bactérie / le virus dans le passé, mais ça ne veut pas dire qu'il EST malade en ce moment, ni que le virus/bactérie EST dans le chat en ce moment.

  • d'autres tests réagissent au virus ou à la bactérie (donc si positif, le virus / bactérie EST présent/e) MAIS seulement si la concentration est suffisante pour que le test réagisse. Donc UN test négatif ne veut pas forcément dire que le chat est sain, il en faut plusieurs sur plusieurs semaines/mois, et il faut chercher au bon endroit car ces tests dépistent dans le "support" qu'on lui donne : des sécrétions, du sang, des selles, ... ; si le virus est caché ailleurs, le test ne pourra pas réagir.

  • d'autres dépistages se font par imagerie (échographie, radiographie) et donnent l'état de la zone ciblée au moment de l'examen, et ne disent rien de l'évolution future.


L’intérêt de dépister (ou pas) ses chats pour tel ou tel problème dépend de chaque élevage. Un éleveur qui a des soucis (pas forcément importants, mais bon, c’est pénible...) de ... coryza, va chercher essentiellement les agents responsables de ce coryza, et ne se sentira pas concerné par les agents responsables de cacas mous (puisque ses chatons n’ont pas de cacas mous).
Donc à part la recherche FIV/FeLV (sida / leucose) qui devrait être systématique à l’entrée d’un nouveau reproducteur ou lors des saillies extérieures, les autres dépistages sont des outils et chaque éleveur utilise ceux qui le concernent. Pas la peine de prendre une scie pour enfoncer un clou, n’est-ce pas ? Eh bien, pas la peine de chercher “Giardia” sur un oeil qui coule.

MAIS il y a une exception, enfin trois en Sibérien (nous sommes chanceux ! seulement trois !) : PKD (kystes sur les reins) HCM (épaississement du muscle cardiaque du ventricule gauche), et PK-def.
Alors PKD, c’est facile : une échographie rénale sur un chat de 12-18 mois, et on voit si les kystes sont là. C’est “noir ou blanc”, et ce qui est cool, c’est que ça reste “noir ou blanc”. Un chat sain PKD restera sain PKD (mais il peut avoir une AUTRE maladie rénale).
C’est HCM qui “couac”. Parce que c’est une surveillance ingrate, qui ne dit que le statut du chat au jour de l’examen, et ne garantit rien - ni que le chat est vraiment sain, ni que ses chatons seront sains. Et que c’est un problème qui n’est pas uniquement génétique, une HCM peut être “secondaire”, consécutive d’autre chose (hypertension par ex).
Il est demandé cependant aux éleveurs de surveiller cette HCM, pour avoir des données génération après génération et essayer de commencer à comprendre comment elle passe.
Un éleveur qui ne teste pas n’est pas un “mauvais” éleveur. Mais c’est une personne qui ne participe pas aux avancées des connaissances de la race. On dépiste => le chat est négatif => tout va bien. Si le chat est positif, on devrait en parler, transmettre aux éleveurs ayant des chats apparentés, aux clubs de race qui pourront ensuite transmettre aux chercheurs.

L’âge auquel le chat se positive est important : si le chat est positif jeune, alors le risque que ce soit génétique et héréditaire est fort ; si le chat a 7-9 ans, il y a de bonnes chances que ce ne soit pas héréditaire, mais il faut s’en assurer en vérifiant le statut de sa descendance, et de ses frères et soeurs par ex.
C’est l’ensemble du tableau qui permet d’avancer. Encore faut-il que chacun apporte sa touche de peinture audit tableau.

Je pensais la question de la PK-def dans la race Sibérien toute théorique, pas vraiment d’actualité à part pour le Système de Qualification des Reproducteurs auquel je participe à reculons, et je me trompais : il y a bien des porteurs de PK-def en France !
La PK-def est :
- une maladie génétique récessive : pour en être malade, un chat doit avoir deux copies "malades" (être PKLR/PKLR ; un chat sain est N/N, un chat porteur est N/PKLR). Un chat qui a un gène sain / un gène "malade" ne sera pas malade, mais pourra transmettre ce gène à sa descendance (c'est un "porteur").
- les symptômes en sont une anémie intermittente (avec des rémissions), plus ou moins sévère. Fiche du LOOF sur cette maladie : https://www.loof.asso.fr/download/fiche-cs-pkdef-2015.pdf

Quand on découvre un porteur, il faut dérouler la pelote (c'est valable pour tout ce qui est génétique, que ce soit une couleur ou une maladie) : c'est forcément un des parents qui le lui a transmis - donc au moins un de ses parents (mais ça peut être les deux...) est porteur. Ce qui veut dire en remontant encore d'une génération, qu'un des parents du parent (du chat découvert porteur) est porteur etc. On peut remonter ainsi (ou descendre d'ailleurs) dans le pédigrée du chat de race, puisque sa généalogie est enregistrée.
Mais il faut regarder aussi à l'horizontal, les frères et sœurs d'un porteur ; eux aussi peuvent être porteurs ! Et toute la progéniture en fait d'un chat qui a engendré un porteur peut être concernée par la transmission, et dans sa génération, ses frères et soeurs, puis au-dessus sa mère ou son père et les frères et soeurs etc....
Un gène de ce genre peut vraiment TRES vite se diffuser, d'autant que la maladie PK-def n'est pas mortelle à 100%, qu'elle n'est pas toujours identifiée, et qu'il n'y a pas de pression pour la rechercher (quand on a une catastrophe, on cherche vraiment activement ; mais quand c'est un petit souci qui traîne, et que le chat guérit, et puis non, ça revient... on met du temps à vraiment chercher, et encore plus à trouver ! Sauf qu'entre temps, les parents du chat ou le chat lui-même ont continué à reproduire et à diffuser le gène).
Cette mutation de la PK-def, on ne la trouve pas si on ne la cherche pas, et elle peut s'implanter incognito, de génération en génération.

La prudence voudrait qu'on stérilise les porteurs puisqu'à ce jour, ça semble ne concerner que peu d'individus.
Alors quand on trouve un porteur (on parle bien ici d'une maladie récessive, qui fait qu'un simple porteur N'est PAS malade et ne risque RIEN) , pourquoi "travailler" avec quand même ?
Je vois deux intérêts :
- ne pas appauvrir le pool génétique d'une race : stériliser tous les porteurs, quand ils sont nombreux, c'est couper une branche importante d'un arbre, qui peut manquer ensuite sur d'autres aspects.
- conserver des caractéristiques intéressantes pour la race : un chat porteur qui a beaucoup d'autres qualités peut et devrait être utilisé, pour renforcer lesdites qualités dans la race.
MAIS cette utilisation doit être rigoureusement contrôlée :
=> aucun mariage avec un autre porteur (sinon, on risque de produire des chats malades pour de bon, et c'est pas terrible pour les adoptants...)
=> tout descendant qui pourrait reproduire DOIT être dépisté également : s'il est N/N (sain, non porteur) tout va bien, puisqu'il ne peut pas transmettre le mauvais gène qu'il n'a pas. S'il est N/PKLR, et qu'il a "trop" de qualités pour se résoudre à le stériliser, alors les règles de surveillance ci-dessus s'appliquent.

Il y aurait pour le moment plusieurs lignées touchées, aux USA, au Canada, et en Europe, un peu partout.
Une des lignées serait issue (attention, déduction empirique !) de Bogdan Volzhskaya Krasa et Barbara Vemas, donc si vous envisagez d'acquérir un chat avec ces ancêtres dans son pédigrée, vérifiez son statut PK-def auprès d'un laboratoire sérieux (Antagène, VGL UC-Davis, Langford...).

Le plus sûr toutefois, c'est de demander que les parents de votre futur chaton soit dépisté PK-def ; c'est "encore" un test à charge de l'éleveur, mais il semble que la pertinence de ce test ne soit plus discutable.

 

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